Le multiple EBITDA est-il toujours la vache sacrée dans une ère post-Corona ?
Malgré l’importance de ce concept et toutes les remarques théoriques sur les multiples et les facteurs de risque dans un certain segment de marché, nous pouvons nous demander si ce concept de base ne devrait pas être nuancé, maintenant que ces circonstances exceptionnelles sont susceptibles d’avoir des conséquences à long terme.
FB Transmission est d’avis que, outre l’évaluation intrinsèque d’une entreprise selon les méthodes traditionnelles (EBITDA, DCF…), il convient également de prêter attention au potentiel d’une entreprise. Ceci est d’autant plus important à la lumière des nouvelles tendances, accélérées par la crise corona.
Il reste bien sûr à l’acquéreur, en sa qualité d’acheteur ou de vendeur, de bien l’évaluer.
Bien sûr, « Cash is King » est encore plus important qu’avant et seules les sociétés financières solides y parviendront, mais seulement si elles ont une vision forte de ce qu’elles veulent bien faire, soutenue par des ressources étrangères qui leur donnent confiance.
Voici les points importants à prendre en compte lors de l’évaluation à côté des KPI financiers :
– La connaissance du marché : la question du client ou du consommateur final évolue et l’utilisateur final pose différents types de questions, telles que l’utilité intrinsèque du produit, la durabilité, l’éthique…. Dans l’ère post-corona, il est donc d’autant plus important de mettre en évidence le modèle économique dans le segment de marché choisi et d’identifier les éventuels changements de comportement.
– La numérisation : ce n’est pas seulement un mot à la mode, mais aussi une réalité de plus en plus dure. La période actuelle a donné un sérieux coup de fouet au commerce électronique et la perception du client selon laquelle ce modèle a de la valeur a fortement augmenté. Cela signifie qu’une entreprise qui n’a pas pris le train de la numérisation en marche, ni ne s’y est préparée, perd de la valeur. Le commerce électronique et les processus qui le sous-tendent nécessitent des connaissances, des personnes et des investissements.
– La chaîne d’approvisionnement : comme auparavant, les processus efficaces ont une valeur, mais ce qui est plus récent, c’est la nécessité de créer des chaînes d’approvisionnement durables et courtes, avec des alliances et des partenariats clairs. Cette approche crée de la valeur pour l’avenir.
– Le recyclage : il est de toute façon hors de question de gaspiller toutes les matières premières et les matériaux finaux, mais ce qui est plus récent, c’est la demande accrue du client final concernant l’image globale de la chaîne de recyclage et la manière dont les produits consommés sont remis en circulation en tant que matériaux de valeur. Il devient encore plus important de définir les principes du « cycle total du produit ».
-L’innovation : cela a toujours été central comme moteur d’une entreprise, mais ce l’est encore plus, car les clients finaux cherchent encore plus la réelle valeur qu’avant. Il faut constamment renouveler et être proactif et en phase avec la demande. Cela demande une organisation adaptée de l’entreprise. Pas d’innovation, moins de valeur de l’entreprise.
– La durabilité : le client final est devenu plus conscient des faiblesses de notre système économique et de son impact sur notre humanité. Ainsi, le concept de durabilité est devenu plus prégnant et n’est plus seulement un concept théorique. Les entreprises qui n’ont pas de vision sur la durabilité dans leur segment de marché risquent d’en souffrir.
– Les employés : nous n’utilisons sciemment pas le mot « ressources humaines » car l’employé demandera probablement plus de reconnaissance et de flexibilité dans sa façon de travailler. Il demande donc à être plus qu’une « ressource ». Le télétravail n’en est qu’un aspect et s’inscrit dans le cadre de la nécessité d’une plus grande confiance et d’un plus grand respect. Entre-temps, il a été démontré que le télétravail est possible dans une plus large mesure.
– La communication : dans le même sens, la communication dans toutes les directions est devenue encore plus importante. Cela nécessite un style et une approche différents dans un ensemble mixte virtuel et physique.
– Le plan d’affaire : ce qui est plus nouveau dans cette approche, c’est la nécessité d’une extensibilité bien réfléchie et la capacité de faire face avec souplesse aux changements et aux opportunités.
– Besoin de leadership : ce concept ne peut être confondu avec celui de « leader unique ». Au contraire, plus que jamais, il faudra suffisamment de décentralisation et d’initiative personnelle pour devenir plus capable et prêt à faire face aux nouvelles opportunités qui se présentent. Cela va de pair avec la nécessité d’avoir un conseil d’administration qui fonctionne bien, qui donne des orientations et des défis sans vouloir tout fixer. De la gestion des risques, un conseil d’administration évolue aussi davantage vers la gestion des opportunités. Tout cela est finalement lié à une stratégie agile, qui est en même temps orientée vers l’action en vue d’un objectif clair, autrement dit une « bonne gouvernance » dans le cadre d’une vision.
Ces sujets se réfèrent en fin de compte à la résilience et à la durabilité d’une entreprise. Mais comment peut-on cartographier ces propriétés ? Ce qui compte vraiment, c’est la rentabilité et les performances financières futures, qui ne peuvent être déduites uniquement du compte de résultat courant.
Chez FB Transmission, nous essayons systématiquement de bien cerner ces questions avant de passer à une éventuelle cession ou acquisition. Loin de « one size fits all », nous devons examiner les caractéristiques uniques de chaque entreprise et la manière dont elles peuvent influencer les chiffres clés à l’avenir. L’élaboration d’un plan d’affaires bien fondé, reposant sur des hypothèses bien vérifiées, est un instrument important pour convaincre les acheteurs de la qualité de l’entreprise .
FB Transmission
Roland De Wolf & Tanguy della Faille
www.fb-transmission.be
Mai 2020