Le taux d’intérêt, pilier économique

Le taux d’intérêt, pilier économique
  •  

Le taux d’intérêt, pilier économique

Pendant des siècles, le prêt avec intérêt fut considéré comme de l’usure et, dès lors, interdit par l’Eglise. Aujourd’hui, c’est un des fondements de notre économie. Car tout investissement, s’agissant du rachat d’entreprise ou de tout autre projet, se finance par du crédit. Et la rémunération du crédit, c’est le taux d’intérêt. Derrière cette réalité simple, se cachent certaines subtilités qu’il convient de bien comprendre. Petit aperçu.

1. Quels sont les composants du taux d’intérêt ?

Le taux se compose d’un taux de référence, majoré d’une marge pour couvrir les frais de la banque.

2. Quels sont les taux de référence ?

Euribor, IRS et Prime Rate sont les principaux taux de référence. Pour comprendre la distinction, il faut tout d’abord rappeler la différence entre les crédits à taux flottants et à taux fixes.

A. Crédits à taux flottants : ce sont des taux à court terme qui fluctuent tout au long du crédit. Le client prend donc le risque d’une hausse des taux. Les crédits à taux flottants sont généralement basés sur l’Euribor (Euro Interbank Offerd Rate) qui se décline en Euribor 1 mois, 3 mois, 6 mois ou 1 an. A chaque période, le taux est revu à la hausse ou à la baisse, et s’applique sur la nouvelle période.

B. Crédit à taux fixes : le taux est fixé pour toute la durée du prêt. Ainsi, l’emprunteur ne prend aucun risque de taux. Le taux de référence souvent utilisé dans ce cas est le Prime Rate qui est la moyenne des meilleurs taux appliqués par les banques aux grands comptes. Le Prime Rate se décline en 10 tarifs différents (de 1 à 10 ans). A noter que le Prime Rate inclut déjà une petite marge pour la banque. Un autre taux de référence pour les crédits à taux fixes est le taux IRS (Interest Rate Swap). Ce taux est fixé par le marché lorsque l’on veut se couvrir contre le risque de taux, et l’on décide de faire un échange (swap) de flux d’intérêts entre un taux flottant et un taux fixe. Le taux IRS est donc l’anticipation du marché de l’évolution des taux à court terme. La succession des différents taux IRS constitue la courbe des taux.

3. De quelle manière évoluent les taux ?

La Banque centrale européenne (BCE) fixe le taux directeur qui est l’une des principales sources de financement des banques. Ainsi, la BCE influe directement sur les taux à court terme (Euribor). Les taux à long terme, par contre, ne sont pas fixés par les autorités, mais ne sont que le reflet des anticipations du marché. Si les perspectives sont favorables, les taux à long terme grimpent (courbe de taux pentue); si, par contre, les perspectives sont moroses, les taux à long terme baissent (courbe des taux plate ou inversée).

4. A combien s’élève la marge de la banque ?

La marge dépend du risque. Les banques disposent aujourd’hui de systèmes complexes qui calculent le risque crédit de chaque opération. Ce calcul tient compte de certaines variables : qualité du débiteur (exprimé par un rating ou classe de risque), durée du crédit, couverture du risque (sûreté),… A noter que, depuis la crise bancaire, la marge bancaire intègre aussi une prime de liquidité exprimant le surcoût lié au financement difficile sur le marché interbancaire.

5. Qu’est-ce que le “funding loss” ?

Lorsque le débiteur décide de rembourser anticipativement le crédit, la banque réclame souvent une pénalité, appelée “funding loss”. Il s’agit de compenser la perte pour la banque qui doit replacer les fonds, alors que les taux ont baissé. Le “funding loss” se calcule donc comme la différence entre le taux du marché actuel et le taux du contrat, calculé sur la durée restante du crédit. Pour des crédits à taux variables, il n’y a donc pas de “funding loss”, ni lorsque les taux ont monté depuis la conclusion du crédit.

6. Taux nominal, taux réel, taux effectif ?

Le taux nominal est celui qui est conclu au début de la relation, donc celui qui se trouve dans le contrat (lettre de crédit). Le taux réel tient compte de l’inflation, ainsi que de la prime de risque; il est donc plus difficile à calculer, mais permet de mieux comparer les rendements entre différentes opérations. Pour le taux effectif, on recalcule sur base annuelle le taux nominal, en tenant compte des versements périodiques qui ont eu lieu. Pour tout crédit à la consommation, le taux annuel effectif global (TAEG) doit être affiché. Le débiteur bien informé pourra négocier le taux avec la banque, en acceptant de payer le juste prix pour un service bien utile : la mise à disposition des fonds nécessaires pour réaliser son projet.

Illustration : Clou