En ces jours ensoleillés, où les esprits sont focalisés sur les matches du Mondial, il est intéressant d’observer les comportements des équipes et d’en retirer des renseignements utiles. En foot comme en affaires, la frontière entre le succès et l’échec est ténue. Qu’est-ce qui explique la réussite d’une équipe ? Comment se fait-il que certaines équipes, débordant de talents individuels, n’arrivent pas à convaincre, alors que d’autres, moins talentueuses, étonnent par leur efficacité collective ? Comment une équipe peut-elle passer en peu de temps de la victoire à la défaite ou inversement ?
Hormis les qualités intrinsèques de chaque joueur, il est frappant de constater à quel point l’esprit d’équipe est important. Cet esprit d’équipe n’est pas la somme des individus. Il faut ce petit plus qui fait la différence : la confiance. On dit que la foi déplace les montagnes; la confiance aussi permet de réaliser des miracles. En milieu sportif ou professionnel, une personne en confiance se surpasse. Elle réussit ce qu’elle entreprend. Les autres membres de l’équipe se galvanisent en voyant leur collègue faire un coup d’éclat. Cela les pousse à aller plus loin, malgré la fatigue et les difficultés. Un cercle vertueux se crée au profit de tous car l’enthousiasme est contagieux.
Par contre, l’hésitation et la crainte sont également contagieuses. Certaines équipes, ayant pourtant des qualités essentielles évidentes, produisent des résultats décevants et sont finalement vouées à l’échec.
Ces brusques retournements de situation s’observent aussi dans le milieu des entreprises. Certains fleurons de jadis se retrouvent subitement dans une situation difficile alors que d’autres entreprises en difficulté connaissent une nouvelle prospérité après un passage à vide. Il faut reconnaître que d’une manière générale le climat des affaires actuellement ne pousse pas vraiment à l’enthousiasme : nombre de faillites record, croissance molle voire inexistante, taxation importante alors que le déficit public ne se résorbe pas,… Notre vieille Europe manque parfois du dynamisme qu’elle a connu il y a quelques décennies. Et pourtant, les opportunités ne manquent pas. Les faibles taux permettent d’emprunter à des conditions inégalées. La mondialisation et l’informatique permettent à des starters de toucher le monde entier à partir de leur ordinateur.
Encore faut-il que le climat de confiance soit présent. Ce climat ne se décrète pas, il se crée, petit à petit. Comme au foot, le dirigeant (coach) doit montrer l’exemple et croire dans les qualités des membres du personnel (joueurs), qu’il défendra vis-à-vis de l’extérieur. Ceux-ci doivent accepter de mettre de côté leur individualité pour atteindre un objectif commun, qui se traduit au final par un résultat concret (marquoir).
Cette dynamique revêt toute son importance lors d’une reprise d’entreprise, qui est un moment critique dans la vie de l’entreprise. Le repreneur doit s’armer de courage et de diplomatie. Quittant sa zone de confort, il s’implique financièrement et personnellement afin de mener à bien un challenge pour lequel il a besoin de mobiliser toute l’équipe. N’ayant pas toujours une forte légitimité au départ, il doit coacher des individus qui ont connu un autre style de management ou parfois un autre rythme de travail. S’il a souvent déjà une expérience de management, il n’a sans doute pas encore géré une PME avec tout ce que cela implique. On ne naît pas entrepreneur, on le devient. Et toute aide est la bienvenue.
Parmi les initiatives qui ont vu le jour pour aider les jeunes chefs d’entreprise, créateurs ou repreneurs, on peut épingler le Réseau Entreprendre, qui vient de fêter ses 10 ans en Wallonie. Ce réseau, totalement bénévole et désintéressé, permet à des jeunes entrepreneurs sélectionnés (”lauréats”) de bénéficier d’un coaching gratuit pendant 3 ans par un chef d’entreprise confirmé. Le coach fait appel à l’équipe en cas de besoin pour trouver des compétences spécifiques dont aurait besoin le lauréat à tel ou tel moment du développement de son projet.
Cette méthode a fait ses preuves. Depuis sa création en France en 1986, le Réseau Entreprendre existe actuellement dans 6 pays et a formé plus de 6 000 lauréats qui ont créé plus de 65 000 emplois. Plus de 80 % des entreprises accompagnées existent toujours après 5 années d’activité, ce qui est remarquable lorsqu’on sait que le taux d’échec des starters est important. L’accompagnement des entrepreneurs par d’autres entrepreneurs est donc une formule gagnante, sans doute parce qu’elle est basée justement sur ces valeurs positives, que l’on retrouve dans le sport : courage, persévérance, don de soi, enthousiasme, solidarité, etc.
Osons croire que ces valeurs d’équipe sont toujours bien présentes dans le monde des affaires et contribuons à les développer afin de sortir du climat morose auquel nous sommes trop souvent confrontés.